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Dans la bibliothèque de…Julien

Nous reprenons la série estivale d’entretiens avec les bibliophiles de l’occulte. Cette semaine c’est Julien qui nous présente Ouroboros, sa bibliothèque ésotérique.

Comme d’habitude vous pouvez venir en discuter sur la page facebook de la librairie

Julien, depuis quand vous intéressez vous aux livres anciens et occultes ?

Je m’intéresse aux livres depuis enfant, l’ancien m’a toujours fasciné. Mon intérêt pour l’occulte a toujours été latent, via le questionnement sur la possibilité ou non d’une forme de vie après la mort. Cette question m’a toujours semblée plus essentielle que toutes les autres. Selon qu’il y ait quelque chose ou non, je suis convaincu que chacun de nous aurait un impact décisif dans la façon de mener son existence.

Mon intérêt pour l’occulte s’inscrit dans le cadre de cette grande interrogation. J’ai commencé par les livres actuels à cheval avec la science (Jean Staune, Mathieu Ricard, mais aussi un peu tous les courants actuels), je me suis intéressé à différentes traditions notamment au bouddhisme. Puis je suis progressivement remonté dans le temps. L’histoire du questionnement spirituel a un fil rouge, une pelote de laine que j’aime défaire. Aujourd’hui je suis bien fourni en livre du 20e, et je commence à avoir pas mal de choses en 19e, quelques unes en 18e et je commence le 17e

Je crois que vous vous intéressez plus particulièrement au spiritisme. Pouvez-vous nous en dire plus sur le contenu de votre bibliothèque ?

Le spiritisme a en effet une bonne place. Pour trois raisons. D’abord c’est concret et les séances de spiritisme que l’on trouve dans les livres anciens, si elles sont vraies, devraient receler d’informations capitales sur l’au-delà, que l’on doit pouvoir vérifier plus aisément en les relisant un siècle et demi plus tard. Ensuite en termes de questionnement sur la mort on peut difficilement faire mieux. Enfin c’est aussi la pratique du spiritisme dans ma jeunesse qui m’a convaincue que la quête d’une recherche d’une vie après la mort n’était pas vaine.

Sujet moins lourd, j’aime beaucoup les livres sur l’Atlantide. J’ai une belle édition de Bailly.

J’ai aussi dans ma bibliothèque de nombreux livres d’épistémologie sur l’ésotérisme. L’histoire de la magie par exemple.

Il y a bien d’autres choses dans ma bibliothèque, je suis dans une phase ou j’essaie de constituer les classiques des principaux courants. J’ai ainsi fait l’acquisition d’une version du catalogue de Caillet, afin de dénicher ce qui me semble le plus pertinent.

J’évite ce que je ne peux pas lire, par exemple en latin. J’en ai acheté un au début, c’est très joli, ça fait me rêver mais au final je ne peux rien en faire.

Est-ce que votre passion pour l’occulte déborde le domaine des livres ? (objets, voyages, cabinet alchimique secret à la cave ? )

Ma passion déborde surtout dans mes lectures, mais parfois aussi dans mes voyages. Je prends au maximum le temps de visiter les lieux spirituels en France ou à l’étranger.

Je trouve des ponts parfois aussi dans la peinture, un autre domaine que j’affectionne. Comme dans cette œuvre de Jean-Baptiste Bordet (voir la photo), qui représente une vanité. Traditionnellement les vanités sont une allégorie de la mort, du passage du temps, et du caractère vain des activités humaines. Dans la version de Jean-Baptiste Bordet, je trouve qu’on voit bien l’aspect mystérieux et monumental de la mort. A la fois effrayante et d’un esthétisme rassurant. C’est l’inconnu personnifié. On peut aussi voir l’œuvre d’une autre façon: le visage semble rire, rire des actions et interrogations humaines qui ne mènent à rien. Cette œuvre (peinte sur plexiglas, une technique particulièrement exigeante) résume bien je trouve le questionnement sur la mort.

Voici le site de l’artiste pour d’éventuels curieux. http://www.jeanbaptistebordet.com/

Nos domaines de collection alimentent souvent les fantasmes, quelle est la réaction des gens à qui vous présentez votre bibliothèque ? Des anecdotes ?

Je ne parle pas tellement de ma passion. Ce sont des sujets difficiles à faire partager. Ça n’intéresse simplement pas grand monde. C’est un plaisir solitaire où le vertige vous prend quand vous contemplez l’œuvre magistrale réalisée par un homme qui a consacré sa vie, quelques siècle plus tôt, à une cause perdue ou … justifiée.

Personne ne remarque les sujets de mes ouvrages. Aussi parce que j’ai des livres sur d’autres sujets. Une fois quelqu’un m’a demandé pourquoi j’avais un livre en latin dans ma bibliothèque. Je l’ai mis moins en évidence !

Quel rapport entretenez-vous avec la pensée magique ou surnaturelle ?

Je traduirais votre question par l’hypothèse que la pensée soit créatrice sur la matière. Il y a de bonnes études sur les phénomènes psychiques. Il semble clairement y avoir quelque chose d’inconnu par la science aujourd’hui.

Par contre, en lisant les auteurs ésotériques sur ces questions, je trouve qu’on peut rapidement se freiner sur ses propres pensées en croyant trop fortement à la pensée magique ou surnaturelle (voir par exemple les écrits de La Mère et Sri Aurobindo, ou les dérives des théosophes, pour ne citer qu’eux).

Est ce que votre bibliothèque a changé votre regard sur le Monde ?

Je crois que j’ai appris des choses. Dans l’histoire des idées et de l’ésotérisme en particulier, je suis fasciné par le fait que certaines idées disparaissent et réapparaissent. Souvent un homme peut faire la différence. Quand il disparait parfois ses idées disparaissent avec lui, parfois elles lui survivent.

Je suis très intéressé aussi par les croyances et leurs évolutions. L’humain étant le même aujourd’hui qu’il y a quelques siècles, je suis convaincu que l’on baigne dans de nombreuses croyances erronées dans beaucoup de domaines. Je trouve rafraîchissant d’étudier celles du passé, de voir comment elles se répandent pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Mais aussi voir comment la croyance peut aveugler le plus grand nombre. Mais au final je crois qu’on tend vers la vérité. C’est cette grande aventure humaine que je contemple avec ma bibliothèque.

S’il devait n’en rester qu’un ?

Je n‘ai pas de livre préféré à proprement parler aujourd’hui. J’en ai plusieurs que j’aime beaucoup, dont une partie se trouve dans la photo de ma bibliothèque ici. Dans l’idéal, j’aimerai avoir un jour des manuscrits des grands esprits durant leurs travaux. Voir de près le cheminement de leur pensée.

Et enfin si votre bibliothèque avait un nom  ?

Ouroboros. Le cycle des connaissances. Naissance, construction, destruction. Les nouvelles idées chassent les anciennes. Les anciennes renaissent. C’est pourquoi aussi j’aime avoir ma bibliothèque qui comporte des ouvrages sur une période temporelle élargie.